Ich mag KARNEVAL !


De par le monde, de nombreuses villes ont une forte tradition de Carnaval, ou Fête des Fous.
Il y en a des exotiques comme à Rio de Janeiro ou Cayenne (en Guyane française), masqué à Venise, ou encore de bien folkloriques comme dans le Nord de la France, à Arras, Dunkerque, Lille...
Ajoutons-y le Carnaval de Granville, qui fut il y a peu, successivement envahi par des Vikings ou des Zombies normands ;)
Bien entendu, je garde ceux que je connais le mieux pour la fin : der Kölner Karneval (comprenez Carnaval de Cologne) et der Refrather Karneval (de Refrath, une commune de la banlieue de Cologne).

Si les Carnavals n'ont rien à voir les uns des autres d'un point de vue géographique, et si certaines coutumes sont différentes d'un carnaval à l'autre, tous ont en commun une folle frénésie, une célébration de la joie de vivre et du bonheur de se réjouir ensemble. C'est une pause salvatrice dans le quotidien, une vraie bouffée d'oxygène en dehors du temps et de la routine, une parenthèse presque attendue de pied ferme.
Les costumes et déguisements permettent de sortir de soi-même, d'être autre un instant, de se libérer du carcan de ses inhibitions propres et de la crainte du regard des autres qui en découle.
Pendant Karneval, nous sommes tous des fous "Wir sind alle Jeck", et c'est bien connu, plus on est de fous plus on rit ;)

Il y a beaucoup à dire pour tout vous raconter, alors prévoyez du temps devant vous pour lire mon long pavé et/ou visiter les liens associés où vous trouverez des photos ou vidéos représentatives de cet événement. Bonne lecture !

Cette année est la deuxième où je me rends à Refrath pour passer Karneval dans la famille de mon homme. Son oncle et sa tante ont pour habitude de recevoir des parents, des amis et des voisins à cette occasion. Chacun apporte un quelque chose pour le buffet et/ou participe aux frais pour la boisson...
Tous se retrouvent déjà déguisés et se saluent par la locution "Alaaf" qui est réservée au carnaval. Il est parfois difficile de mettre un nom sur un visage, parce que les costumes et le maquillage sont réalisés avec beaucoup de soin. Le choix du déguisement est important, car ce n'est pas évident de trouver l'idée qui tient chaud au corps, ou les bons accessoires par dessus son manteau d'hiver : si l'ambiance est très chaleureuse, la température n'est pas très élevée dans la salle de réception ouverte sur la rue !

C'est un garage bien équipé où trois générations se relaient pour tenir le bar : Opa, l'oncle et son fils. Ils servent surtout de la Kölsch pression, mais aussi un peu de Zekt (vin mousseux), de Schnaps, sodas et autres jus de fruits.
La Kölsch est une bière régionale, au goût très doux et aux fines bulles délicates. C'est un peu grâce à la fragilité de ses bulles qu'elle si typique de Cologne : il fut impossible de l'exporter au delà de quelques centaines de kilomètres avant l'invention des fûts métalliques scellés hermétiquement ! Elle se boit dans des verres spéciaux, qui sont tellement fins qu'on peut les briser rien qu'en trinquant comme on a l'habitude. Ici, on entrechoque les verres par le fond.
En attendant le passage du Karnevalszug (le défilé), pendant et après, on discute par petits groupes, souvent avec une Kölsch à la main, et on pioche dans les plateaux du buffet...
Parmi les incontournables, il y a :
  • de la soupe dans une marmite chauffante, Gulaschsuppe ou Kartoffelsuppe (un velouté de pomme de terre avec des rondelles de saucisse fumée), toutes deux étant des spécialités de l'oncle de mon homme,
  • des tartines à base de Brötchen, avec une noisette de beurre irlandais et des garnitures variées telles le Pfeffersalami, des tranches de Cervelas, de l'Edamer (un fromage "plastique" hollandais) et même du Rindfleisch Tartare (de la chair de bœuf en tartare), le tout décoré de morceaux de tomates cerises, de cornichons ou de poivrons,
  • des Berliner : ce sont des beignets, très semblables à ceux que l'on prépare pour Mardi gras
  • du gâteau, coupé en toutes petites parts ; j'aime beaucoup le Streuseltorte qui ressemble à un crumble en plus croustillant, avec un fond de pâte sablée. On peut y mettre des pommes fruits, ou du Quark (un fromage blanc ferme) avec un coulis de fruits rouges, ou d'autres garnitures selon l'envie du moment.
En fait, de petit quelque chose en Kleinigkeit zu essen, on grignote une bonne partie de la journée !

14h30 /15h Voilà enfin der Karnevalszug !  Le premier char est la locomotive qui tire le défilé ("Zug" signifie "train") alors que le dernier est le char du Dreigestirn (une sorte de Triumvirat) : der Prinz, die Jung Frau und der Narr / Bauer (le Roi, la Reine et le Bouffon / le Paysan). Les chars sont hauts en couleurs et tirés par des tracteurs, et entre eux on admire des fanfares traditionnelles, des bandas, et des représentants d'associations locales, sportives ou culturelles, déguisés sur un thème commun. Tous ceux qui défilent sont très joyeux et répondent avec entrain aux Alaaf !  de la foule, ainsi qu'aux nombreux Kamele tonitruants (il s'agit de réclamer des bonbons, pas des chameaux) ou aux Strüssia ! (des minis-bouquets de fleurs) pour la plupart poussés par des femmes. Ils lancent des babioles, parfois au petit bonheur ou en visant les gens sortis sur leur balcon : la foule attrape au vol ou ramasse sur le trottoir friandises, bonbons, fleurs, paquets de mouchoirs, balles rebondissantes ou même des arachides à décortiquer ! Chacun dans la rue a bien entendu pensé à prendre un sac ou un panier, les enfants sont au premier rang et font leur réserve de sucreries pour l'année...

En 2016, le thème du Refrather Karnevalszug était Räfed uns gallisch Dörp, une allusion à un certain village gaulois qui résiste encore et toujours. De même que le village du chef Abraracourcix est irréductible et indépendant, der Refrather Karneval est unique, et organisé par un quartier d'une commune, en plus du Carnaval de la dite commune.
Vous imaginez donc que nous avons vu défiler des troupeaux de Romains en armure, Astérix, Obélix, Idéfix, Panoramix et même de la potion magique ! D'autres Gaulois ont trouvé un nom original et je dois avouer que Mezzo-mix m'a beaucoup fait rire (c'est une marque de soda, un mélange de cola et d'orange, et non pas du Malzgetrank) !

Rotkäppchen und der grosse böse Wolf

Dans la foule, les déguisements étaient très variés. Perdus dans une masse de clowns, en rouge et blanc (couleurs traditionnelles de Cologne), ou vêtus d'une veste de coupons de tissu (le plus emblématique du coin), on a vu de source sûre das Rotkäppchen und der grosse böse Wolf (cf la photo ci-dessus) ! Des parents ont joué la carte du déguisement animal avec leurs enfants, et l'on remarqué des familles d'ours, d'abeilles ou des petits requins et dinosaures fatigués sur les épaules de leur papa... Même les ainés du quartier continuent de fêter Karneval : des dames âgées portaient fièrement de petits chapeaux très extravagants. On a aussi pu constater l'engouement de la dernière génération pour des déguisements de Minions, mais moins pour la Reine des Neiges, bizarrement...

Vous avez maintenant un bon visuel de cet événement, laissez-moi y ajouter l'ambiance musicale. Chaque année, de nouvelles chansons sortent pour Karneval, ce qui fait que la programmation est une compilation de ces Karnevalslieder actuelles et passées. Il y en a une que j'aime beaucoup et dont j'arrive à chanter le refrain à tue-tête : c'est Viva Colonia. Attention, les petits curieux qui voudront écouter risquent de l'avoir en tête un bout de temps, c'est pire que Délivrée-libérée...

"Da simmer dabei / Dat is prima / Viva Colonia
Wir lieben das Leben, die Liebe und die Lust
Wir glauben an den lieben Gott und han immer Durst"

Nous sommes là / c'est super / vive Cologne
Nous aimons la vie, l'amour et le plaisir
Nous croyons au bon Dieu et avons toujours soif

Ces chansons sont toutes en Kölsch, le patois local (certains se sont inquiétés de ce que j'apprenne l'allemand de travers par ce biais ;) et parlent du patrimoine culturel et architectural de Cologne, d'amour, d'amitié, et certaines sont plutôt paillardes !

La nuit tombe, mais la fête continue de battre son plein, et la salle polyvalente de Refrath offre un bal populaire à partir de 19h. On danse des rondes par petits groupes, on discute crie à cause du volume assez élevé de la musique, jusqu'à la cérémonie du Dreigestirn. Le Roi, la Reine et le Bouffon sont à nouveau présentés à la foule, et selon la tradition, les clés de la ville sont remises au Bouffon ! Les réjouissances continuent tard dans la nuit, et chacun rentre chez soi sous les étoiles...

Et sinon, comment était le Carnaval de chez vous ?

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