Comment ça commence ? #1 Il était poisseux mais continuait vaillamment de ramper...

En 2018, je me (re)mets pour de vrai à l'écriture et je participe au projet "Comment ça commence ?" de Agoaye dont voici les consignes :
"Vous avez un mois pour écrire et partager avec nous un billet ou un article. [...] Une seule contrainte : tous les écrits du mois doivent commencer par la même amorce de phrase ! Il est interdit de changer le moindre mot, la moindre virgule, car ils sont autant d’indices qui vous permettront de tisser ensuite la trame de votre récit, et permettre au train de votre imagination de se mettre en marche !" L'amorce est la phrase écrite en gras.


Il était poisseux mais continuait vaillamment de ramper, de trébucher, de tomber dans le sable vers la sortie. Soudain, il parvint à l'air libre, aussitôt aveuglé par la luminosité insupportable du jour, contraste éblouissant après les ténèbres des profondeurs. Pour s’orienter tant bien que mal, il se fiait à son odorat et suivait l'odeur iodée de la mer, si proche et pourtant si lointaine. Il n'était pas seul dans cette épreuve, et ses frères et sœurs aussi se débattaient contre cette saleté de sable qui s'immisçait partout, qui irritait la peau, le nez, les yeux. Sans mentionner encore la chaleur accablante du soleil, dont les rayons réverbérés par la plage brûlaient leurs membres et leur dos presque trop fragiles pour cette évasion.

Le décor autour d'eux était somptueux, jamais plage tropicale n'avait paru si paradisiaque : cocotiers, sable blanc, le son rafraichissant des vagues, le lagon de turquoise transparente !
Mais il était indifférent à cette invitation au farniente. Il lui fallait coûte que coûte lutter contre les éléments, lui si petit et faible, pour rejoindre l'eau salvatrice. Cette plage prenait des allures de désert, et les vagues n'avaient jamais paru aussi inaccessibles. Un véritable enfer au paradis !

Dans cette course infernale pour la vie, cet élan de survie, c'était à chacun pour soi (et la nature contre tous ?) et ils partageaient tous la volonté de parvenir jusqu'à l'écume des vagues, et d'être emporté au large par les courants marins. Alors cette volonté, cette force instinctive, viscérale, plus forte que l'espoir même, lui permit de poursuivre ses efforts, de progresser vers ce but le plus vite possible pour échapper aux dangers qui le menaçaient. Outre la déshydratation, des ennemis affamés tendaient leurs pièges pour les décimer, lui et sa fratrie, pourtant nombreuse au départ, mais dont le nombre diminuait drastiquement. Combien réchapperaient de cette ruée vers l'or bleu ? Combien seraient tués sur cette magnifique et cruelle plage ?
Pourquoi réussit-il à réaliser l'exploit qui lui était imposé ? Pourquoi lui et si peu des autres ? Nul ne saurait le dire. Pas même lui. Pas encore. L'emprise de l'instinct était encore trop forte sur son cerveau. La sensation de l'eau sur son corps lui fit le plus grand bien, et permit de libérer son esprit du pur pragmatisme de survie qui l'avait envahi. Sa pensée put enfin reprendre son cours, interrompu par l’emprisonnement forcé dans l’œuf sous terre et constata :
"Renaître tortue de mer. Quelle galère ! Fichue réincarnation* !"

A suivre ici.

*Réincarnation : thème cher à Herr David SAFIER, auteur allemand dont je vous parle ici ;)

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