Un bon été en Somme

J'ai envie de caser ce jeu de mots douteux depuis mon arrivée en Picardie ;)

Je me suis retrouvée dans cette sous-partie des Hauts de France un peu au hasard, en cherchant du travail tous azimuts...

Je me suis donc installée quelques mois sur Amiens, une ville de pierres (monuments historiques), de briques (les autres bâtiments) et d'eau, grâce à la Somme et aux canaux qui la traversent.
Quartier St Leu et Cathédrale, vus du parc St Pierre
Des quartiers entiers furent construits sur pilotis au cœur de marécages, comme St Leu, avec son église au clocher spécial et son fameux quai Belu bien connu des gourmands !
Bien que la ficelle picarde qu'on y sert ne ressemble que vaguement à la recette des grands-mères picardes, on en a déjà un bon aperçu : dans un plat fumant car très chaud, cachée sous une bonne couche de gratiné et de béchamel, se trouve une succulente crêpe doublée d'une tranche de jambon et farcie de champignons de Paris (en duxelles ou en lamelles, comme fait la mamie d'un collègue).
Un régal, je suis sûre que vous avez déjà l'eau à la bouche !
On y découvre aussi de bonnes flamiches au poireau, et du poulet au Maroilles, bien qu'une sauce au pavé picard aurait davantage fait couleur locale, sans trop en changer le goût.

Pour digérer, après le déjeuner, une balade au parc St Pierre s'impose. Une étendue paysagère importante, où l'eau est omniprésente et où le vent souffle dans les saules centenaires pour le plus grand plaisir des oreilles. L'été est la saison des commémorations de la Grande Guerre et on peut encore y admirer une œuvre collective figurant des champs de coquelicots qui couvrent des pelouses ou s'enroulent dans les arbres. Chacun est libre d'ajouter un bout de tissu rouge pour contribuer à l'ensemble.
Aux premiers jours de juillet (date anniversaire de la bataille de la Somme), la ville accueille des congrégations de joueurs de cornemuse et résonne à tous vents de ces instruments, de parades organisées en concerts improvisés... On les rencontre vers l’évêché et la cathédrale, profitez-en pour découvrir la petite Venise du Nord au passage. Des maisons colorées reliées par des passerelles au-dessus de petits canaux font un décor très agréable. A la nuit tombée, c'est un préambule réussi à l'animation de sons et lumières projetées sur la façade occidentale de la cathédrale qui retrouve le temps d'un spectacle ses couleurs d'antan.
La Cathédrale sous les projecteurs !
 C'est un monument-clé de la ville, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, la cathédrale la plus volumineuse de France par ses dimensions intérieures et l'une des plus grandes d'Europe qui peut rivaliser sans rougir avec le Dom de Cologne à ce titre ! Son architecture gothique forme un ensemble très homogène puisqu'elle fut construite de 1220 à 1243, la flèche ayant été ajoutée bien plus tard en 1528. Je me permets ici d'ajouter cette blague de l'ado que j'étais lors de ma première visite d'Amiens en famille : la rosace du transept Ouest porte un pentagramme inversé (associé à la sorcellerie), ce qui renforce le caractère gothique de l'édifice ;) La flèche en bois couvert de plomb fut modifiée en 1628 car sa structure souffrit d'orages. Aujourd'hui encore, on constate l'influence de la météo : elle penche vers le levant à cause des vents dominants picards...
Vous avez probablement noté la courte durée d'édification de la nef, des tours et de la façade. Pour mobiliser autant d’ouvriers et de matériaux, les financements furent conséquents et apportés en grande partie par la guilde des maîtres teinturiers d'Amiens.
N'avez-vous jamais entendu parler du bleu d'Amiens qui fut utilisé jusqu'au début du commerce de l'indigo rapporté des Amériques au XVIème siècle ? Il provient de la guède, plante tinctoriale bien connue qui a la particularité de bien s’accommoder des conditions de culture en hortillonnage...

D'ailleurs, je vous en recommande chaudement la visite !
Les hortillonnages (dont le nom dérive du mot latin pour "jardin") sont des parcelles de terre volées aux marécages et ont longtemps servi à alimenter en fruits et légumes la ville. Aujourd'hui, la surface allouée à cette activité s'est réduite comme peau de chagrin, merci la grande distribution ! Des hortillons (maraichers) persistent pourtant, et continuent de présenter leurs production aux marchés d'Amiens. Par contre, ils ne remontent plus la Somme en barques à cornets et utilisent plus volontiers des fourgonnettes ! Cet endroit magique, entre nature et culture, accueille un festival d'art paysager tous les ans. Vous pouvez en apercevoir des installations pendant la visite guidée, vous promener à pied dans le secteur de l'île aux Fagots ou louer une barque pour voir d'autres œuvres installées dans le secteur du port à fumier (sur la commune de Camon). Si vous êtes vraiment fatigués, vous ferez bien une petite sieste en hamac dans une houblonnière, comme moi ?
Que ceux qui préfèrent le shopping aux parcours nature aillent plutôt vers le marché des Halles, le quartier de la mairie ou la rue des 3 cailloux, cette zone piétonne regroupe toutes les boutiques dignes de ce nom. Elle a aussi le mérite d'offrir de charmantes perspectives vers la cathédrale pour s'en mettre plein la vue...

A défaut de macarons d'Amiens, plutôt onéreux, n'oubliez pas de ramener dans vos bagages du gâteau battu (meilleur qu'une brioche), de la Rince-Cochon (une des bières locales, assez houblonnée) et quelques produits au coquelicot qui comptent parmi les spécialités de la région !

Une autre fois, je vous raconterai la baie de Somme...

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