Bouquiner au coin du samovar

Bienvenue dans mon isba ! Je vous invite à vivre un moment russe...
Prenez une tasse de thé au citron -un bon Russian Earl Grey- et installez-vous près du samovar, on aura besoin de remplir cette tasse souvent... Un blini ? Un autre ?
On passera à la vodka plus tard, voulez-vous? (avec modération, bien sûr)

Pourquoi ce voyage ? 

Pour répondre à l'invitation de Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie et sur la Bérézina.

Deux livres, conçus comme un journal intime ou peu s'en faut, le premier lors d'un ermitage de 6 mois sur les rives du lac Baïkal, le second pendant une aventure en side-car sur l'itinéraire de la déroute napoléonienne de 1812. L'Humain se confronte à la Nature, reconsidère les rapports qu'il entretient avec elle, avec ses semblables, la société...
Parfois, l'auteur fait penser au Jean-Jacques Rousseau des Rêveries du promeneur solitaire, dans son envie de fuite du monde, sa quasi-sensation de persécution par les autres, son lien fort avec la nature, et s'il pouvait herboriser sous la neige, je suis presque sûre qu'il l'aurait fait !
Ailleurs, les allusions et citations de Guerre et Paix donnent à prendre du recul sur ce qui fait les victoires ou les défaites militaires, les circonstances des mouvements de l'Occident vers l'Orient puis de l'Orient vers l'Occident dans les années 1810, le manque de jugeote de Napoléon Ier (?) ainsi que le génie ou l'inertie (?) de Koutouzow tels que les évoque Tolstoï.
Et si le génie résidait dans l'inertie ?

J'ai aimé découvrir à travers les livres de Tesson ce besoin d'inertie, de faire une pause, de prendre le temps de se retrouver soi-même, mais aussi son contraire dans la lutte contre les éléments (en pensant très fort aux Grognards et aux hussards surgelés, ah gla gla!).

J'ai eu envie, à mon tour, de saisir pleinement les propos de Tolstoï et viens de finir (victorieuse !) Guerre et Paix. Les passages "romanesques" permettent une fine compréhension de la haute société russe du début du XIXème siècle (bizarrement les moujiks sont peu évoqués), et entrecoupent à bon escient les passages de "stratégie" militaire où l'on se rend compte qu'en fait rien ne se passe comme prévu ; avant de poursuivre sur une argumentation bien sentie qui pose les conditions de l'étude de l'Histoire, en temps que science humaine... Édifiant!

A lire pour retrouver ces impressions :
  • Les pays du samovar in La table du thé, S. Brissaud, éd. Minerva (2007) p.128-141
  • Dans les forêts de Sibérie, S. Tesson
  • Bérézina, S. Tesson
  • Les rêveries du promeneur solitaire, J.-J. Rousseau
  • Guerre et Paix, L.Tolstoï.
Je pourrais ajouter Dolstoïevski à cette liste, assez représentatif de cette langueur que j'imagine caractéristique des Russes. Je n'insiste pas, j'ai toujours pas compris ce qu'il trouve d'extraordinaire chez Alexei Fiodorovich Karamasov (les frères Karamasov)... Aucun rapport, peut-être ?

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