Une p'tite piqûre de rappel

Je me souviens des doutes de certains dans mon entourage lors de l'épisode de grippe A H1N1...
J'ai lu dans l'actualité l'histoire de parents qui refusaient de faire vacciner leur enfant parce que les vaccins sur le marché contiennent, en plus des souches obligatoires, une à deux souches dont la vaccination était seulement recommandée...
Je lis encore des propos anti-vaccins sur les réseaux sociaux et je rencontre des patients inquiets qui comprennent pas bien tout ça.
Je vois le scepticisme naitre de l'obligation de vaccination pour toutes les souches disponibles, avec en parallèle les regrettables difficultés d'approvisionnement de bien des vaccins...

Mais je me souviens surtout des statistiques que j'ai pu lire concernant la ré-émergence de maladies qu'on croyait disparues, à cause d'un recul des vaccinations dans des pays industrialisés.

Face à ce constat, jusqu'où la liberté individuelle (choix de se faire vacciner ou non) a-t-elle sa place dans un contexte publique (couverture vaccinale, protection de tous)? On peut aussi se demander pourquoi des personnes oublient ou décident de ne pas se faire vacciner : est-ce lié à des croyances religieuses, une attitude indifférente voire insouciante à l'égard de la santé publique, une méfiance liée à une mauvaise information ?

Et si je vous parlais des vaccins et de la vaccination en général, qu'en retiendriez-vous ?
On va tout reprendre depuis le début, et j'espère apporter quelques éléments qui vous aideront à y voir plus clair. Aussi vais-je de ce pas commencer sans tarder mon exposé...

D'abord, qu'est-ce qu'un vaccin ?
C'est une substance qui provoque une réaction immunitaire spécifique contre un agent infectieux (bactérie, virus) et qui active les cellules mémoires de l'immunité (lymphocytes B). On parle de réponse immunitaire acquise, efficace si une infection se produit.
Ça veut dire qu'à l'avenir, si cet agent infectieux se trouve dans l'organisme, celui-ci sera armé et prêt immédiatement pour l'affronter. Ici, l'immunité limite et/ou empêche le développement complet de la maladie en un temps record (au contraire de la réponse immunitaire innée, qui prend plus de temps).
Attention, la mémoire des lymphocytes B n'étant pas infaillible, il faut la réactiver de temps à autre. C'est le rôle des rappels !
Le but de tout ça : limiter le nombre de malades, et les formes graves de cette maladie. Une personne vaccinée qui ne sera donc pas/peu malade aura moins de risques de transmettre sa maladie à son entourage, et ainsi de suite... Le vaccin protège celui qui l'a reçu, mais aussi ceux avec qui il est en contact lors d'une période d'épidémie, par exemple.

Qu'est ce qu'il y a dedans ?

Un vaccin peut contenir plusieurs types de substances que l'immunité va reconnaitre au premier contact :
  • des pathogènes eux-mêmes, soit tués par la chaleur ou une réaction chimique (vaccin issu d'agents infectieux inactivés) soit traités de façon à ce qu'ils perdent définitivement le pouvoir d'induire la maladie (vaccin issu d'agents infectieux vivants atténués)
  • de "morceaux" du pathogène, ceux qui vont induire la réaction immunitaire (= antigènes) ; ce sont les vaccins synthétiques
  • des substances toxiques que le pathogène produit, mais rendues inoffensives (vaccin constitué de toxines inactivées)
Souvent, cela ne suffit pas à provoquer une réaction immunitaire assez importante pour garantir la mémorisation du vaccin. C'est pour cette raison que des adjuvants sont introduits dans la formulation du vaccin (nom du médicament à injecter). Certes, ils ont été pas mal décriés, squalène ou aluminium, mais rappelez-vous que, sans eux, l'efficacité du vaccin laisse à désirer.
Comme pour le moment, on n'a pas de preuve scientifique valide contre, pas le choix, on continue comme ça. Ça n'empêche pas la remise en question des pratiques actuelles et la recherche de meilleurs procédés plus satisfaisants.

Effets indésirables des vaccins
Petit rappel : tout médicament présente un risque d'effet indésirable. Même le paracétamol, les anti-diarrhéiques, la pilule, entre autres, et les vaccins, puisque c'est le sujet d'aujourd'hui.

Après une injection de vaccin, il se peut qu'on soit un peu fatigué, bien patraque, mais c'est normal : c'est le système immunitaire qui réagit et c'est tant mieux, c'est le but recherché ! Il se peut aussi qu'une rougeur ou démangeaison apparaisse au niveau du site de piqûre : rien de bien méchant si on désinfecte de temps en temps, ça ne dure pas.
C'est vrai que chez les tout-petits, les parents paniquent toujours un peu parce qu'une petite montée en fièvre se traduit de façon violente. Du paracétamol (éviter l'ibuprofène juste après un vaccin, c'est contre-productif), une bonne hydratation et du repos en viennent à bout rapidement.

C'est vrai qu'il y a aussi des effets indésirables graves... mais heureusement rares !
Ce sont ceux que l'on découvre lors de vaccinations à grande échelle. D'un point de vue purement statistique, les essais cliniques avant la mise sur le marché d'un vaccin (ou d'un médicament en général) ne permettent pas de découvrir les effets indésirables rares.
Comment voulez-vous, avec quelques milliers de personnes impliquées, déceler un effet grave  qui se manifeste sur 1 cas pour 100 000 ?
Par contre, avec un début de couverture vaccinale , mettons 30% de la population française (presque 67 millions, soit 20 millions de gens), vous vous rendez bien compte que là on commence à enregistrer des effets indésirables rares et très rares. Et j'ai bien dit un début de vaccination ; en général les autorités espèrent dépasser 80% de population vaccinée...
C'est dans ce but qu'a été créé la pharmacovigilance : recenser les effets indésirables pour savoir prendre la décision d'arrêter la commercialisation d'un médicament, dès qu'il présente plus de risques que de bénéfices.

A tous ceux qui disent : "Ah, non, moi je ne me vaccine pas contre la grippe, je ne veux pas risquer d'attraper une encéphalopathie", je réponds que ne pas se vacciner permet d'éviter cet effet indésirable grave, c'est vrai. En revanche, ça n'empêche pas d'avoir la grippe, et pire, de la refiler à Papy, Grand-Mamie et au Petit Dernier (ces trois-là étant bien sûr les plus fragiles face à cette maladie...)
Accessoirement, ne montez jamais à bord d'une voiture, les statistiques de mortalité sur la route sont bien plus importantes.

Et sinon, il n'existe aucun lien entre la vaccination du nourrisson contre l'hépatite B et la sclérose en plaque. Aucune des études sérieuses conduites par des médecins reconnus par leurs pairs n'a mis à jour une corrélation. Et ils continuent de le vérifier !

Petit résumé : l'analogie du parapluie
Imaginons qu' une maladie, c'est comme la pluie.
Avant, quand les parapluies (vaccins) n'existaient pas, tout le monde était mouillé, trempé, bon pour l'essorage (bien malade).
Maintenant, ceux qui portent un parapluie (personnes vaccinées) ne sont plus mouillés. Ils sont protégés de la pluie, même si de temps en temps on a mal au bras à force de tenir le parapluie (effets secondaires du vaccin) ou si on a les pieds éclaboussés (efficacité limitée du vaccin). D'un autre coté, on est pas trempé comme une soupe, alors dans l'ensemble ça va.
Mine de rien, on vient ici de réviser la vaccination à titre individuel.
A plus grande échelle, ceux qui ont un parapluie abritent d'autres personnes qui n'en possèdent pas (non vaccinées). Vous vous représentez sans mal qu'il faut un maximum de porteurs de parapluies pour une protection efficace. C'est le but de la couverture vaccinale.
Le problème, c'est de savoir pourquoi les gens n'ont pas de parapluie, par ce qu'il y en a de plus en plus. Est-ce qu'ils l'ont brûlé quand il faisait beau ? Est-ce qu'ils se croient protégés par le chant des grenouilles (alors qu'en fait, c'est leur entourage les abrite) ?
Il est là, l'enjeu de santé publique : rappeler et faire comprendre à quel point c'est important de sortir avec son parapluie d'être vacciné.
Surtout avec des grosses pluies acides ! - comme celles que je vais vous présenter.


Ces maladies dont les vaccins nous protègent
Mais pas toutes, ça serait trop long (et je sens que vous commencez à vous lasser de mon pavé)!

  • Diphtérie : ça ressemble à une angine, mais ça produit des fausses membranes qui viennent progressivement obstruer la gorge, jusqu'à l'asphyxie... C'est très contagieux et ça touche principalement les enfants (dont beaucoup y restent, malheureusement).
  • Tétanos : l'infection commence bêtement avec une plaie souillée de terre... et provoque des spasmes musculaires incontrôlés, y compris au niveau des muscles de la respiration, et pouvant entraîner la mort, un peu comme avec une fléchette de curare que les chasseurs d'Amérique du Sud utilisent pour la chasse au singe.
  • Coqueluche : ça commence comme un rhume, mais avec des quintes de toux encore, encore et encore... sur plusieurs semaines. C'est très éprouvant, on n'arrive pas à reprendre son souffle ; apnée ou suffocation en sont les conséquences. Très contagieux !
  • Poliomyélite : ça touche le système nerveux central (méningite) et peut provoquer une paralysie des jambes, d'où un handicap grave, à vie... Elle fut quasiment éradiquée, et pourtant on la retrouve de nos jours dans plusieurs pays en développement, par recul des vaccinations.
  • Rubéole : la star du moment, en pleine recrudescence en Europe ! Bénigne chez l'enfant, elle cause de gros dégâts chez la femme enceinte. Enfin, chez le bébé à naitre surtout : mort et malformations importantes...
Pour ceux qui préfèrent les images, je laisse la parole à un pro des blogs : le Pharmachien, et aussi !

Bref, se vacciner, c'est dire à ces maladies graves 
"Vous ne passerez pas !"

Commentaires

Vos préférés

Patate douce, très douce...

Que faire des chocolats de Pâques après Pâques ?

Des cabanes dans les arbres