Escapade des Sens

Je reviens avec vous sur mon petit voyage en Bourgogne.
J'ai mis à profit un déplacement professionnel* pour voir du pays, découvrir le Grand Sénonais et un peu du Pays d'Othe. Rien de tel qu'une bonne balade un dimanche ensoleillé, quoique frais, pour visiter et comprendre quelques villes de la vallée de l'Yonne.
Je connaissais déjà la Puysaye, au Sud du département de l'Yonne (89) ou le Morvan à l'Ouest de la Côte d'Or (21), où le vignoble occupe une part importante du paysage. Ici, c'est un autre aspect de la Bourgogne.
Le Sénonais, au Nord de l'Yonne, offre plutôt un mélange de forêts perchées sur des collines et des champs au pied desdites collines, avec de nombreuses petites rivières (en crue, mais ça, c'est une autre histoire de réchauffement climatique sur érosion des sols). J'aime beaucoup les villages de loin en loin, répartis dans la campagne dans un réseau complexe de petites routes. Si les maisons et les bourgs ne font pas tout jeunes, on y imagine facilement une proximité et une solidarité entre habitants. Un peu comme dans le village qu'était celui où j'ai grandi...

Sens : première étape de l'escapade


Forcément, en cette saison, l'office de tourisme est fermé le dimanche, mais ça reste un bon point de départ pour suivre la promenade touristique officielle de la ville !
L'ensemble formé par la Cathédrale Saint Etienne (début XIIème siècle) et l'archevêché (XVIème et XVIIIème) est impressionnant, entre la dentelle de pierre gothique et le toit aux tuiles colorées, qui se détachent sur fond de maisons à colombages...de l'autre côté de la place (de la République, pour ceux qui suivent un plan à la main) se trouve le Marché Couvert, pur produit de l'architecture métallique du XIXème. Une première leçon d'histoire !


La deuxième ? Entrer dans la cathédrale, l'une sinon la toute première cathédrale gothique dont la construction débuta en 1130. La nef est remarquable par l'alternance de piliers forts et faibles, avec des voûtes à clé hexagonale. Prenez le temps d'observer les vitraux, certains sont encore d'époque ! J'ai aussi beaucoup apprécié les plafonds des chapelles, à caissons ou avec des angelots et colombes sculptés. Pensez à vous renseigner sur les dates de concerts d'orgue, ce doit être formidable...
Les bâtiments de l'archevêché (Palais synodal), qui sont devenus des musées, abritent une grande collection historique, avec de nombreux items préhistoriques ou gallo-romains (I et IIème siècles) où la ville de Sens était nommée Agedincum. D'autres collections, d'artisanat d'art et de peintures (du XVème à nos jours) s'ajoutent à ce patrimoine. Le Trésor de la Cathédrale renferme une étonnante collection de tissus anciens, en dehors de celle plus attendue d'éléments liturgiques.
Les rues de ce quartier sont très agréables, avec beaucoup de petites boutiques au rez-de-chaussée de maisons à colombages. Si les enseignes sont modernes, l'organisation de cet espace urbain est résolument médiévale, avec deux porches vers la cour du palais synodal. J'adore ! L'un de ces passage mène vers le Musée de l'Orangerie où sont mises à l'honneur des expositions temporaires. Il est précédé d'un jardin à la française aux motifs géométriques entourés de petits buis taillés court.

Bilan : une belle promenade, de l'Histoire plein les murs... et pourtant je n'ai pas (encore) tout vu !
Liste des lieux à découvrir ici.

Villeneuve sur Yonne

Je reprends la route direction le sud et parcours une quinzaine de kilomètres en suivant l'Yonne sortie de son lit et ses nombreux étangs. Leur niveau est si haut que je n'arrive pas toujours à distinguer où est la rivière et où sont les réserves d'eau...
J'arrive à Villeneuve sur Yonne par la Porte de Sens, passage obligé pour entrer dans le centre-ville, avec tours, mâchicoulis et meurtrières. Une place-forte médiévale, donc, protégée en tout par une ceinture de remparts et douves, tours de garde et portes fortifiées. Il en reste aujourd'hui deux : la porte de Sens que je viens d'évoquer, et la Porte de Joigny à l'autre bout de la grand'rue, devenue un musée pour les œuvres d'artistes amoureux de la région.
Je suppose qu'une autre porte défendait l'accès par le pont Saint Nicolas, qui enjambe l'Yonne de ses dix arches. La promenade sur le quai (où il m'aurait fallu lutter contre le courant en waders il y a quelques semaines) longe l'ancien mur d'enceinte, et certaines maisons sont construites directement dessus, comme la Tour Bonneville qui faisait partie des bâtiments défensifs. Autre signe distinctif : la présence d'un donjon royal,  tour ronde à l'intérieur de la ceinture, dont la construction fut commandée par Philippe Auguste en 1205. Elle est donc nommé logiquement la Tour Philippe Auguste !
Pourquoi cette place forte ? Villeneuve fut bâtie sous Louis VII le Jeune pour renforcer la frontière entre le royaume de France et le comté de Champagne (celle-ci étant rattachée en 1284 au royaume français).
A voir aussi : l'église Notre Dame de l'Assomption, construite du XIIème au XVIème siècles. Son architecture témoigne du mélange des styles et de l'évolution des pratiques dans l'édification des bâtiments religieux...

J'ai repéré un restaurant qui a l'air très bon sur le quai (confirmé par la collègue-covoitureuse), avec des produits locaux à la carte (des vins aussi !) Vous me connaissez, j'ai davantage été emballée par le plat avec du cresson de Véron que par celui aux escargots d'Armeau...

Bilan : c'est un autre pan d'Histoire qui se lit dans la ville, mâtiné de stratégie militaire défensive médiévale !

Joigny

Astuce : pour se rendre à Joigny (25 km), ne pas hésiter à faire un détour par la route de Dixmont, le point de vue sur la Côte Saint Jacques (qui donne son nom au vin issu du vignoble sur ses flancs) dévoile tout Joigny avec la rivière en contrebas. Comme je regrette d'avoir bêtement remonté le cours de l'Yonne pour y aller !
Du coup, je laisse la voiture sur le parking le long de l'Yonne et contemple la ville rive droite vue du bas de la vallée : un ensemble compact de maisons, surmonté de la coupole d'une église et d'une très belle demeure, construit sur un éperon rocheux. D'un point de vue stratégique, cette position permet le contrôle total de cette vallée aussi bien militaire que commercial. Ainsi, on s'attend à trouver une place forte médiévale mais tout témoigne d'un construction plus moderne, Renaissance.
Surprise : le Marché couvert près du pont est lui aussi un bâtiment post-Révolution industrielle, avec ses briques et ses dentelles de métal.

 Sur le chemin en allant vers le château tout en haut, ça grimpe sec ! Les ruelles sont étroites, suivant le plan d'origine moyenâgeux, et encadrées de maisons à colombages, dont certaines sont spéciales : par exemple, ne manquez pas la devanture de la boutique des Maillotins (rue Gabriel Corbel), tenue par des passionnés d'histoire et dont la vitrine expose des petits personnages réalisés en papier découpé que sont les maillotins. Un peu plus haut dans cette même rue, vous verrez la Maison de l'Arbre de Jessé (XVIème). Outre l'importance du bois sculpté dans sa façade, notez qu'il est rare de voir des motifs religieux sur une maison civile !
Presque tout en haut, en suivant les marquages de l'office de tourisme, voilà la Maison du Bailli, où  justice était rendue. Elle aussi remonte au XVIème siècle, reconstruite, comme beaucoup de ces maisons, après le grand incendie en 1530. Voilà l'explication du décalage entre le plan de la ville (IX et XIème siècles), organisé autour des trois paroisses principales, et l'aspect des bâtiments typiques de la Renaissance !
En lui tournant le dos, vous découvrez derrière la Porte Saint Jean marquant une fortification, l’Église Saint Jean et le Château des Gondi, Comte de Joigny. Le château en lui-même ne se visite pas, mais héberge dans ses salles voûtées des expositions temporaires.
Je descends ensuite vers le quartier Saint André, et arrive sur la place de L’Église Saint André. Un arbre central offre son ombre à des bancs où il doit faire bon s'asseoir en été ! 
L'après-midi touchant à son terme, j'ai préféré descendre vers la voiture en revenant sur mes pas plutôt que d'aller vers le quartier Saint Thibault et son église. Tant mieux, il me reste encore des sites à voir pour une prochaine visite !

Bilan : un endroit idéal pour des randonnées, entre le dénivelé et la possibilité de se promener sur le plateau !

* Je dédie cet article à toutes les personnes accueillantes que j'ai rencontrées au cours de ce déplacement. Merci pour tout ;)

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